The 180 by 650 cm tall 'GÖSCHENER
ZYKLUS
1,2,3,4,5‘ consists
of 5 equal-sized single paintings, each measuring 180 by 130 cm.
OtGO
as an Artist in Residence from May 1st to June 30th, 2023 The
Charitable Foundation Stiftung Kunstdepot, Göschenen, Switzerland.
EXPOSITION:
Contes sur l'infini 05 —
28 Avril 2024 OtGO, artiste de Mongolie Œuvres de 1998-2024 Entre
tradition et modernité Château des
ducs de Bretagne Musée d’histoire de Nantes
EXHIBITION:
OTGO
RETROSPECTIVE
January 13th to March 31st, 2024 Otgo, Artist from Mongolia Works
1998
to 2024 Between tradition and contemporary The Boesch Museum
OTGÖSCHENEN Cathedral,
Kunstdepot Göschenen Uri Switzerland 2023
Urner Wochenblatt | 147ème année | N°
61 | Samedi 5 août 2023
Suivre la force intérieure de la
peinture
Traduction de l'allemand
vers
le françai: Caroline Girod
Elles
s'appellent «GÖSCHENER ZYKLUS»:
cinq grandes peintures (acrylique sur toile) aux dimensions identiques
de 180 x 130 centimètres. Devant celles-ci, tel un portail, se dressent
deux tableaux également de taille identique (171 x 44,5 centimètres,
acrylique sur bois). L'artiste les a nommés
«Uritür»
»,
soit « porte d’Uri ». Otgonbayar Ershuu, ou plutôt OtGO, comme il se
fait appeler en abrégé, a réalisé les sept œuvres en seulement deux
mois, alors qu'il était invité en tant qu’ « artiste en résidence » au
Kunstdepot (dépôt d’art) de Göschenen (Kunstdepot
Göschenen).
Ce n'était pas le premier séjour dans le canton d'Uri de cet homme
ouvert d’esprit de Berlin. Il s’y sent bien et apprécie surtout la
proximité avec la nature originelle, à laquelle il se sent profondément
lié depuis son enfance et sa jeunesse dans sa Mongolie natale. Elle lui
procure la force et la sérénité intérieure dont le bouddhiste a besoin
pour ses peintures miniatures, pour créer en se reposant entièrement
sur son for intérieur un monde intensément coloré aux milles
personnages, animaux et motifs délicats.
OtGO
as an Artist in Residence from May 1st to June 30th, 2023 The
Charitable Foundation Stiftung Kunstdepot, Göschenen, Switzerland.
Göschenen |
L'artiste mongol OtGO a créé pendant deux mois dans le dépôt d'art cinq
imposantes peintures "Otgöschenen"
Derrière
la « porte d’Uri » (« Uritür »), le monde s'ouvre dans le maquis de la
peinture miniature.
Franka Kruse
Lui-même le nomme
la «cathédrale Otgöschenen»,
ce que l'on comprend en entrant dans son atelier temporaire au
Kunstdepot de Göschenen où une sensation nous prend dès la première vue
de se trouver face à quelque chose de majestueux. Le haut pignon du
toit de l’ancien arsenal à la sortie du village confère effectivement
des allures de grande nef à l’espace dans lequel la dernière œuvre de
l’artiste mongol OtGO
a pris vie en deux mois seulement, du 1er mai au 30 juin. Ici, les cinq
toiles de sa série « Otgöschenen » sont suspendues côte-à-côte de telle
sorte qu’elles forment avec les deux tableaux latéraux «Uritür»
une sorte d'espace dans l'espace.
Le peintre mongol Otgonbayar Ershuu aime jouer avec les mots et les
lettres. Ainsi, de son nom d'artiste Otgo est devenu OtGO, ce qui lui
donne en guise de clin d’œil à sa passion pour la marche une force
d’expression supplémentaire ; de la pieuvre, l'octopus, qui traverse
régulièrement ses tableaux comme en essaims, il en fait un « OtGOpus »
– et de Otgo à Göschenen devient justement «Otgöschenen»: cinq peintures acryliques sur toile
aux dimensions exactement identiques de 180 x 130 centimètres.
Profondément lié à la nature
Le
Berlinois d'adoption se sent visiblement bien à Uri. Ce n'est pas son
premier séjour ici. Il y a un an exactement, il s'est rapidement fait
connaître avec son attitude ouverte et communicative à et par
Andermatt. Les galeristes Heidi et Franz Leupi avaient invité OtGO en
juin 2022 pour un mois d'atelier ouvert à la galerie Art87
C'est là que le collectionneur d'art Christoph Hürlimann l'a repéré,
lui qui utilise non seulement le Kunstdepot de Göschenen comme un
endroit fixe pour exposer des œuvres de sa collection, mais aussi comme
un lieu d’accueil qui offre l’opportunité à des artistes du monde
entier de travailler dans les montagnes d'Uri pendant les mois d'été
grâce à la fondation privée Kunstdepot. «
Pour moi, ces deux mois à Göschenen ont été un cadeau », raconte OtGO.
Profondément lié à la nature depuis son enfance en Mongolie, il vit
l'univers montagnard d'Uri de manière très intense. À peine arrivé en
mai de cette année, il se met immédiatement en route pour une randonnée
dans la forêt voisine de Göschenen. Les montagnes escarpées, les
falaises rugueuses, les lichens colorés, la mousse dense le touchent.
Au fil des semaines, il observe comment les plantes se développent en
une splendeur luxuriante et colorée. Comment le printemps froid se
transforme en un début d'été chaud. « La première impression est
importante », dit-il. « J'ai regardé chaque pierre et chaque arbre avec
amour et j'ai ressenti une profonde gratitude. » La nature lui a semblé
aussi originelle qu'à l'époque préhistorique. « Les mousses sont
devenues mes muses », plaisante OtGO en jouant à nouveau avec les mots
avec un sourire malicieux.
Rencontre avec l'âme de la
forêt
Un
jour, raconte le peintre, il a rencontré un chamois
dans la forêt à quelques mètres de
distance. L’animal l'a longuement
observé avec curiosité, s'est déplacé autour de lui, a gardé ses
distances, mais n'a montré aucune crainte. « J'ai rencontré l'âme de la
forêt dans ce chamois », explique
OtGO avec conviction, avant d’ajouter en riant qu’un « frisson de chamois » (jeu de mot en allemand) l'a alors envahi.
Sa
profonde sensibilité pour la nature, son attention envers toutes les
formes de vie marquent également ses tableaux qui naissent de ses
tripes, dans une immersion profonde et prolongée. Coup de pinceau après
coup de pinceau, une fois peints et posés, se dessine alors un
incroyable enchevêtrement de figures humaines, de corps d'animaux, de
motifs délicats qui, vus de loin par leur forme et couleur, révèlent
une dynamique interne – comme s'ils se déplaçaient en troupeau par
vagues sur la toile. « Quand je crée quelque chose
de nouveau, j'arrête de penser »,
dit OtGO.
Il
ne cherche rien, au contraire, les couleurs l'attendent, ne lui
laissent aucune chance et trouvent leur chemin sur la toile, trait par
trait. Il appelle cela « forme fondamentale de la
peinture bouddhiste
». Il n'y a pas de plan derrière sa peinture, ce n’est que lorsque son
intuition s'affaiblit, comme un ver intérieur qui ne bouge plus, qu’un
tableau est abouti. Pour certaines œuvres, cela peut même prendre des
années. De telles toiles attendent dans son atelier berlinois.
Au
Kunstdepot de Göschenen, OtGO commence son travail sur les cinq toiles
en même temps. Il les recouvre d'abord d’innombrables couches de
peinture faites d'empreintes de mains et de pieds. « Mes tableaux font partie de
moi
», dit-il. Dans cette phase initiale, il pose les toiles qu’il a
amenées sur le sol et commence sa déambulation. L’artiste parcourt
d’innombrables mètres sur la surface qu'il n’ornera que plus tard de sa
peinture.
Pendant
qu'il peint, il vit le temps entièrement dans le
Ici et Maintenant, pleinement immergé dans l'instant présent – de nos
jours, on appelle cela pratiquer la pleine conscience. Ce n'est pas une
nouveauté dans la biographie d'OtGO, au contraire, il a passé six ans
dans des monastères bouddhistes à apprendre et étudier les différentes
techniques et iconographies de la peinture miniature ainsi que leur
contexte spirituel. Il est bouddhiste jusqu’au bout des doigts, et cela
signifie vivre pleinement dans le moment présent, dit-il.
Les images racontent des histoires
Pour
lui, la méditation n'a rien à voir avec la conception contemporaine de
gestion du stress, mais plutôt avec l’expérience profonde et consciente
de l'inconscient qui mène à l'éveil (Bouddha signifie « l'Éveillé »). «
En mongol, méditer signifie réfléchir
profondément et c'est quelque chose de philosophique
», explique OtGO. Mais la réflexion sur ce que ses tableaux expriment
ne vient qu'après avoir peint. C'est alors qu'il voit soudainement ce
qui a travaillé à l’intérieur de lui. Et soudain c’est là qu’on
reconnaît par exemple des bombes en miniature qui pleuvent du ciel à
côté d’innombrables petites moitiés de porc suspendues. Pour l'artiste,
il s'agit d'une assimilation de thèmes tels que la guerre en Ukraine,
l'élevage intensif et la consommation excessive de viande. « Chacun peut lire dans les images les
histoires qu'il associe à sa propre réflexion
», souligne OtGO. Il souhaite délibérément ne pas prescrire
d'interprétation. Sur l'une des toiles Otgöschenen, la forêt dans
laquelle OtGO a passé de si nombreuses heures pendant son séjour en
tant qu’hôte est clairement reconnaissable. Sa profonde connexion avec
la nature dans laquelle il trouve le calme et puise sa force. Une paix
et une force intérieures qui lui font ressentir deux mois aussi
intensément que s'il avait vécu deux ans à Göschenen. C'est pourquoi il
lui est possible de créer en huit semaines seulement une série de
tableaux, qui, pris individuellement, semblent nécessiter deux ans de
travail. OtGO et Uri semblent aussi avoir un lien particulier. Il
reviendrait sans hésiter. « Si ma
famille le permet », dit le père de deux enfants en riant à
nouveau.
GÖSCHENER ZYKLUS 1 -
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OTGÖSCHENEN Cathedral,
Kunstdepot Göschenen Uri Switzerland 2023
OtGO
as an Artist in Residence from May 1st to June 30th, 2023 The
Charitable Foundation Stiftung Kunstdepot, Göschenen, Switzerland.